Aux États-Unis, Joe Biden se bat pour maintenir sa candidature à la présidentielle, une semaine après le débat raté qui l’a opposé à Donald Trump. Son âge et ses capacités cognitives sont toujours au cœur des conversations. Plusieurs voix se sont élevées pour inviter le candidat démocrate de 81 ans à retirer sa candidature. Mercredi 3 juillet, Joe Biden a tenté de resserrer les rangs en réaffirmant qu’il ne lâcherait pas et plusieurs gouverneurs démocrates l’ont assuré de leur soutien. Mais pour Corentin Sellin, professeur agrégé d’histoire et spécialiste de la politique américaine, le mal est fait.
Est-ce que son départ est une réalité inéluctable ou la vague va passer ?
Corentin Sellin : Joe Biden n’arrive pas à éteindre l’incendie consécutif au débat aussi facilement qu’il l’aurait pensé. Le débat a aussi la vertu de délier les langues et il y a eu beaucoup de reportages qui montrent que l’affaiblissement de Joe Biden, lié aux pathologies de l’âge, se serait aggravé ces derniers mois, ces dernières semaines.
La crainte née après le débat n’a pas été totalement apaisée, pas au point d’amener des personnes réellement de premier plan du Parti démocrate à se prononcer publiquement contre lui. Donc, on est un petit peu au milieu du gué, c’est-à-dire qu’il n’a pas tout à fait rassuré, loin de là même, mais ce n’est pas encore l’unanimité contre lui pour lui imposer un retrait, loin de là.
Quelles sont les conséquences de ce débat ?
Désormais, il va être observé sous toutes les coutures, en permanence et sa performance au premier débat fait qu’il n’a guère plus de chance de répit. Si jamais il a de nouveau un moment d’absence ou un moment de désorientation, la pression deviendra encore plus forte. Donc, effectivement, pour les démocrates et pour Joe Biden, c’est un moment très compliqué parce qu’il n’aura pas d’occasion de se refaire durant l’été, et en même temps, il est maintenant vraiment sur le grill concernant ses facultés.
Dans un scénario où Joe Biden se retirerait, le camp démocrate aurait-il intérêt à agir vite ?
Si les démocrates veulent changer de candidat, il faut impérativement le faire avant la Convention du parti (19 au 22 août 2024). On le rappelle, c’est la réunion de tous les délégués qui ont été désignés pendant les élections primaires, qui sont pour l’instant à la quasi-totalité acquis à Joe Biden, mais qui pourraient être donc libérés par son retrait. Cela permettrait en quelque sorte au Parti démocrate d’organiser une convention, qui est d’abord un spectacle qu’on offre au public et à la nation, en bon ordre, et la désignation d’un candidat qui serait bien organisé.