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CONSTRUCTION DU QUAI DE PÊCHE DE MBORO : 179,665 millions de Fcfa décaissés pour un marché fictif

Fait rare depuis la publication de ses rapports : la Cour des comptes a clairement demandé des poursuites judiciaires pour faire la lumière sur les montants décaissés pour la construction du quai de pêche de Mboro qui n’a jamais vu le jour.

 

Le ministère des Pêches avait a engagé des travaux de construction de quais de pêche à Mboro, en 2018, et à Bar‐ gny en 2020. D’un coût de 279 951 021 millions de Fcfa, le quai de pêche de Bargny a été réceptionné depuis 2021, mais les ac‐ teurs refusent de débarquer sur le site. Ils justifient leur position par le manque d’inclusion noté dans la réalisation de ce projet. De l’avis des acteurs locaux, le ministère de la Pêche n’a pas pris en compte leurs préoccupations lors du choix du site devant abriter le quai de pêche. Ils soutiennent avoir attiré l’attention des responsables du ministère de la Pêche sur le fait que le site retenu a une côte rocheuse qui présente des dangers pour l’accostage des pi‐ rogues chargées.

Ils avaient proposé le site de Bargny Guedj qui disposent selon eux, de conditions plus favorables pour accueillir le quai de pêche. «Cette attitude des autorités du ministère de la Pêche n’est pas conforme au principe de la coges‐ tion prévue à l’article 5 du Code de la pêche qui stipule clairement que « lors de la définition des politiques de développement dura‐ ble et de gestion des activités de pêche maritime, l’Etat prend les mesures appropriées pour faciliter la concertation et la participa‐ tion des organisations des professionnels du secteur, des communautés de la pêche mari‐ time et de tous les autres acteurs concernés ». Conséquence : au‐ jourd’hui ce quai de pêche est transformé de garages pour les mécaniciens.
A Mboro, la situation est plus grave : les travaux d’aménage‐ ment du quai de pêche sont à l’arrêt. Le contrat a été résilié par ar‐ rêté du ministre n°017597 du 28 avril 2021. Cependant, l’exploita‐ tion des documents budgétaires permet de constater que l’entrepreneur a encaissé la totalité du montant dû soit la somme de 179 665 025 Fcfa. Aussi, la Cour des comptes a de‐ mandé à l’agent judiciaire de l’Etat d’engager des poursuites contre monsieur Ibrahima Fall, di‐ recteur général de l’entreprise Lamp Fall Btp pour non‐respect de ses engagements contractuels dans le cadre du marché travaux d’aménagement d’un quai de pêche à Mboro. La Cour a aussi instruit le directeur général de l’Aarcop d’engager les diligences nécessaires pour exclure l’entre‐ prise Lamp Fall Btp des marchés publics au Sénégal.

Des sites pas appropriés Globalement la situation des quais de pêche pose problème. Selon la Cour des comptes, les sites visités au niveau des régions maritimes de Dakar, Thiès et Saint‐Louis ne respectent pas les règles fixées par l’arrêté n°03411 du 29 mars 2011. Ils sont vétustes et rudimentaires. Il a été constaté au niveau de ces sites des manquements caractérisés par : l’ab‐ sence de clôture et d’un accès réglementé qui favorise de multiples intrusions de non profession‐ nels et d’animaux errants porteurs de flore de contamina‐ tion ; un défaut de sécurisation des réserves foncières ; l’inexis‐ tence au niveau de tous les quais, d’aires d’accostage aménagées (jetée, ponton etc.) reliés directe ment ou indirectement à la plateforme de débarquement ; l’absence d’infrastructures de débarquement et de manutention (treuils, chariots)‐ ce qui justifie le transfert par des porteurs en paniers ou bacs des pirogues à la plateforme

‐ ; la non fonctionnalité des blocs sanitaires qui sont insuffisants en nombre et connaissent des problèmes de pénuries d’eau, de manque d’entretiens périodiques, d’absence de distributeurs de savon, de robinets à commande non ma‐ nuelle et de distributeurs de papiers hygiéniques ; le manque d’hygiène notoire dans les quais et la transformation de certains endroits de la plage en toilettes ; l’absence de toitures au niveau de certains quais (Saint‐Louis et Joal) ; ce qui expose les produits halieutiques frais entreposés à un ensoleillement source de contaminations microbiennes et de réchauffement entraînant la perte de qualité; l’absence de complexes frigorifiques à trois compartiments (fabrique de glace, tunnel de congélation, chambres de stockage et hall de travail) au niveau des quais de Hann, Ouakam, Joal et Cayar ; l’absence totale d’infrastructures au niveau des quais de pêche de Mboro et de Fass Boye…

Libération quotidien

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