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Les sauveteurs de l’ONG allemande SOS Humanity ont retrouvé mardi le corps sans vie d’un bébé de six mois dans un canot de migrants.

Le nourris‐ son voyageait avec sa mère et son grand frère de trois ans, originaires de Guinée Conkary, à bord d’une embarcation en route vers les côtes euro‐ péennes quand ils ont été pris en charge par le navire humanitaire. «Un décompte sans fin, un énième drame qui se répète.» C’est avec ces mots que le maire de Lampedusa, Fi‐ lippo Mannino, a évoqué au média ita‐ lien Adnkronos la découverte du corps d’un bébé de six mois dans un canot de migrants en route vers l’île italienne.
Les passeurs sont « des criminels qui méprisent la vie humaine et qui font payer des gens pour qu’ils meurent en mer. C’est toujours la même histoire et c’est inacceptable», a ajouté l’édile. Mardi 28 mai au matin, le navire huma‐ nitaire Humanity 1 a retrouvé, lors d’un sauvetage en Méditerranée, la dé‐ pouille d’un nourrisson sur une embar‐ cation d’une quarantaine de personnes. La mère, originaire de Guinée Conakry, avait pris place sur le canot depuis la ville tunisienne de Sfax, connue pour être un lieu de départ des exilés, avec son autre enfant de trois ans. On ne connait pas pour l’heure les circonstances de sa mort. L’équipage du Humanity 1 a observé une minute de silence pour rendre hommage à cette jeune victime. Le corps, ainsi que la mère et le frère, ont été rapidement évacués par les autorités italiennes vers Lampedusa, indique sur X (ex‐ Twitter) l’ONG SOS Humanity, qui af‐ frète le navire humanitaire.

Bébé (bis)

À bord du bateau se trouvent actuelle‐ ment 183 exilés, dont des femmes en‐ ceintes, des enfants et des «personnes souffrant de brûlures causées par le carburant», précise l’ONG. Le navire faisait route mercredi matin vers le port de Livourne (nord de l’Italie), attribué par Rome la veille. Une autre ONG a ef‐ fectué plusieurs sauvetages en Méditerranée ces derniers jours. SOS
Méditerranée, qui affrète l’Ocean Vi‐ king, a porté secours à 67 personnes lors de deux opérations mardi et mer‐ credi au large des côtes libyennes. Sur le premier canot, « une personne en hy‐ pothermie était inconsciente et plu‐ sieurs souffr[aient] de brûlures dues au carburant«», signale l’équipage. L’Ocean Viking s’est vu attribuer la ville d’Ancône, sur la côte adriatique, pour accoster avec les naufragés. «Trois jours de navigation sont nécessaires pour rejoindre le port», déplore l’ONG sur X. Depuis des mois, les humanitaires s’insurgent contre l’attribution de port de plus en plus éloignés de la zone de recherche et de sauvetage. Selon SOS Humanity, les navires de sau‐ vetage en Méditerranée ont perdu l’an dernier 374 jours ‐ soit plus d’un an ‐ à effectuer de longs trajets pour rejoindre les lieux de débarquement italiens, au lieu de rester en mer pour porter assistance aux canots en détresse.

Bébé (ter)

«Ce n’est pas une coïncidence, mais bien une tactique politique», assurait en début d’année à InfoMigrants SOS Humanity. En cause selon l’ONG, les mesures «d’obstruction et de crimina‐ lisation des ONG» du gouvernement italien dirigé par Giorgia Meloni. Pour les humanitaires, leur absence en mer peut avoir de lourdes conséquences :
cela implique moins de temps passé à patrouiller dans la zone de recherche pour venir en aide aux embarcations, donc plus de morts en mer. L’année 2023 a été la plus meurtrière sur la route migratoire de la Méditerranée centrale : au moins 2 500 migrants y ont perdu la vie, selon les chiffres de l’Orga‐ nisation internationale des migrations. Et depuis janvier 2024, on compte déjà plus de 700 décès dans cette zone maritime, sans compter les morts issus des «naufrages invisibles», ces embarcations qui sombrent en mer sans laisser
de trace, ou sans que personne ne le sache. La rédaction tient à rappeler que
les navires humanitaires sillonnent une partie très limitée de la mer Méditerra‐ née. La présence de ces ONG est loin d’être une garantie de secours pour les migrants qui veulent tenter la traversée depuis les côtes africaines. Beaucoup d’embarcations passent inaperçues dans l’immensité de la mer. Beaucoup de canots sombrent aussi sans avoir été repérés. La Méditerranée centrale reste aujourd’hui la route maritime la plus meurtrière au monde.

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