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René Capin Basséne et Omar Ampoï Bodian annoncent une grève de la faim illimitée

Condamnés à la réclusion criminelle à perpétuité dans l’affaire dite «la tuerie de Boffa Bayotte» survenue en janvier 2018, le journaliste René Capin Basséne et le «postier» Omar Ampoï Bodian se sont braqués encore hier.«Depuis notre arrestation en 2018, nous subissons dans nos cellules un harcèlement et un acharnement de la part de l’ad‐ ministration judiciaire de Ziguinchor. Aussitôt après nos arrestations (René Capin Bas‐ séne et moi), nos salaires ont été bloqués ainsi que nos comptes bancaires laissant  dans le désarroi total nos familles. Ainsi, nous nous sommes vus isolés suivi d’une interdiction total d’appels télé‐ phoniques», informe Omar Ampoï Bodian.

«Après quelques an‐ nées passées en silence dans nos geôles, les visites de nos proches parents ont été restreintes. Certains d’entre nous avaient été même transférés par la suite à Dakar, en l’occurrence ma propre personne. Dans ma cellule à Dakar, je n’avais pas droit à des visites, ni à des appels téléphoniques. Je ne pouvais avoir aucune infor‐ mation en provenance de ma famille à Ziguinchor. Pire, pour nos parents résidents à Dakar, pour nous voir, il fallait qu’ils viennent d’abord à Ziguinchor afin qu’ils puissent trouver un permis de visite et revenir à Dakar pour rencontrer. Au‐ jourd’hui, nous sommes encore victimes, ici à Ziguinchor, d’un favoritisme, d’un refus d’auto‐ risation de sortie sous escorte au moment où, certains détenus, qui n’ont aucune garantie plus solide que les nôtres, en bénéficient. J’en veux pour preuve ou pour exemple, quand j’avais perdu ma belle‐ mère et mon beau‐père, j’avais introduit des demandes d’autorisation de sortie sous escorte pour aller à la levée de leurs dé‐ pouilles mortelles, jamais ces autorisations ne m’ont été accordées. Et pourtant, des déte‐ nus qui séjournent avec nous
dans cette citadelle du silence de Ziguinchor, pas encore jugés et ne demeurant pas à Ziguin‐ chor, ont bénéficié de cette au‐ torisation de sortie sous escorte. Ici, on continue encore de nous refuser des visites. Et celle du lundi 13 mai, a été la goutte de trop. J’avais perdu, ce jour‐là, ma belle‐sœur qui est l’épouse de mon grand‐frère, l’ainé de notre famille. Bacary Bodian puisse que c’est de lui qu’il s’agit, a rédigé deux de‐ mandes d’autorisation de sor‐ tie sous escorte pour que je puisse aller aux obsèques de sa femme, ma belle‐sœur, celles‐ci m’ont été toutes refusées en‐ core. Tout comme René Capin Basséne, il s’est vu lui aussi re‐ fusé par la justice une autorisa‐ tion de sortie sous escorte parce qu’il voulait aller dans sa famille pour assister à la fête de première communion de ses enfants. C’est un acharnement de plus sur notre personne. Nous ne pouvons plus, je dois vous avouer, vivre dans continuité, dans cette situation de «torture qui frôle le drame».

Après les fausses accusations qui ont été suivies par nos condamnations, nous avons été condamnés à la réclusion criminelle à perpétuité. Nous assistâmes un mois après, à une signature d’accord de paix entre l’Etat du Sénégal et l’un des condamné, en l’occurrence le chef de guerre du maquis, César Atoute Badiate, alors commandant de la base rebelle de Kassolole», ont ajouté les deux «compagnons de cellules. «Est‐ce une utilisation de la ma‐ chine politique sur la justice pour arriver à des fins politiques escomptés?. Sommes‐nous condamnés à une peine afin d’obtenir l’abdiquement de l’autre?», s’interrogent‐t‐ils. «Tout le monde le sait et tout le monde l’a constaté aussi. Dans cette tragédie de Boffa‐ Bayotte, nous continuons tou‐ jours de réclamer notre innocence. Ce jeu obscur orchestré par on ne sait qui, doit être aujourd’hui éclairé même si, pour dire vrai, nous demeurons convaincus que la vérité ne sera jamais dite dans la tuerie de Boffa‐Bayotte.

Nous ne pouvons plus supporter cette mascarade. Nous en avons assez et nous étouffons dans nos cellules. Il y a de cela deux ans, nous avons interjeté appel mais nous n’avons pas été jugés. D’autres prisonniers ont été jugés, six mois après qu’ils aient interjeté appel. Ces derniers nous ont pourtant trouvé à la Maison d’arrêt et de correction de Ziguinchor. Certains parmi eux sont rentrés chez eux après avoir été acquittés par la Chambre d’accusation et d’autres transférés ailleurs. Il ne reste que nous deux dans cette affaire de Boffa‐Bayotte, à l’ex‐ ception de Cheikh Tidiane Bo‐ dian qui a été transféré Cu camp pénal, à croupir en prison. Tous les autres ont recou‐ vré la liberté. Trop, c’est trop.
C’est la raison pour laquelle, pour être édifiés sur nos sorts parce que nous sommes convaincus que nous sommes des cobayes et des appâts, nous avons décidé d’entrer dans une grève illimitée dès la semaine prochaine », ont conclu René Capin Basséne et Omar Ampoï Bodian.
Pierre Badji
(Correspondant)

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